Je vous reviens du bout du monde.
J’ai appris, j’ai grandi, j’ai usé ma curiosité dans des marches de pèlerin et contrarié mes rêves sur des bateaux sans voiles.
Ayez confiance, je vous parle avec effort de comment j’ai vécu là-bas, vers ces pôles, ces axes, ces méridiens flous.
Je reviens du bout du monde et je n’ai pas trouvé ma route. J’ai subi mon énigme face à des corps de miroirs blancs, lassant ma peau contre le vide.
Ma ligne initiatique n’a été qu’un corridor de lacunes, un dédale dentu, jonché de viscosité. Je me suis baladé au bout du monde et je reviens vers vous pour votre chant.
J’ai fléchi sous les tonnerres, crispé mes doigts dans la poussière des abysses de Tartare. J’ai craqué mes os sur des cailloux crasseux, ma carcasse de scandale lacérée par des rages de soleil et des oriflammes de feu.
Je reviens vers vous en corps de plainte, absent de chair comme une ogresse affamée de douceur.
Je reviens vers vous, encore.
Le monde m’a éprouvé par de longues souffrances et il m’a trouvé digne de ne plus le fouler, par la patience avec laquelle je les ai supportées. J’ai beaucoup marché, mais croyez-moi, j’avance vers vous.